Il y a quelques jours, paraissait un article dans le nouvel obs “Carlie Weinreb, 11 ans et surdouée de la fiscalité, veut taxer les robots”. L’idée est présenté à la fois comme évidente puisqu’une fillette de 11 ans en est arrivée à cette conclusion très simplement… qualifiée au passage de surdoué de la fiscalité… et fille d’un expert comptable. En réalité, ce n’est pas récent, et ça fait des décennies que les milieux syndicaux luttent avec les robots… sans succès toutefois.
Dans l’implémentation actuelle du socialisme, tout problème a une solution, et elle se nomme “taxe”. Dans les faits, on pourrait se demander d’une part si cette “brillante” idée est applicable dans un contexte où tout script, logiciel… se voit doté progressivement d’une forme d’intelligence qui allège la pénibilité du travail pour le mieux… et remplace l’homme totalement pour le pire. Quoique, c’est affaire de perspective. Et puis, est-ce bon pour notre économie ? Enfin, est-ce que cela répond vraiment au problème posé, c’est à dire, la disparition à terme du Travail… changement de paradigme, ou retour à un ère pré-industrielle où le travail n’avait pas la même forme que celle que nous lui prêtons aujourd’hui et qui ressemble plus à l’esclavage des premières civilisations. Il serait dommage toutefois qu’une humanité s’étant doté d’un outil lui permettant de pouvoir vivre, et vivre bien, sans travailler, ou en le faisant par plaisir… renonce à cette possibilité.
Avant de vous donner mon avis (je crois que c’est un peu tard, mais bon), voici ce que nous dit l’article en quelques mots.
Carlie Weinreb s’est exprimée à l’OCDE sur le thème de ” faut-il taxer les robots ?”. Son intervention est résumée dans cette vidéo:
“Très douée en calcul, la petite s’est prise au jeu de la fiscalité, a posé des questions et appris jusque à devenir célèbre. Très fier, son père l’a encouragée, mais veille au grain. Oui, Lorne Weinreb aide sa fille à préparer ses présentations, mais c’est elle qui a remarqué la première qu’il n’y avait presque plus d’employés au McDo. Oui, il s’inquiète de l’avenir du monde et craint les effets des logiciels et des robots sur l’emploi, en parle avec sa fille mais ne l’empêche surtout pas d’avoir une vie sociale normale.”
Même si la mise en scène laisse à désirer (pas de la part de cette fille, mais de ceux qui l’ont instrumentalisé pour faire avancer leur idéologie), le débat n’en reste pas moins fort important.
Vouloir taxer… c’est, à mon avis ne rien comprendre aux enjeux (mondialisation, absence de protectionnisme, etc.) auxquels nous sommes confrontés et c’est contre-productif. On le voit, les pays n’ont pas la même fiscalité et il est si simple de faire transiter une filiale ou un sous-traitant dans ces pays pour échapper à la taxation. Ce n’est pas pour rien que les GAFA ne payent quasiment pas d’impôts ni de taxe. Par contre, les petites structures, celles qui emploient le plus au final, sont incapables d’échapper à cela. Au final, c’est la double sanction : non seulement, quand on est petit, on n’a pas les moyens des gros, c’est plus risqué, les moyens ne peuvent être mutualisés, etc, mais, en plus, l’état fiscaliste les matraque au passage. De plus, est-ce réellement des grosses entreprises que vient l’innovation ?
De toute façon, les automates (robots, logiciels) sont déjà partout et il devient de plus plus difficile de les identifier…comment faire pour établir le lien entre “une perte de travail pour un comptable par exemple” et la calculatrice qui lui rend service et lui évite le boulier ou l’addition papier, la pompe qui nous amène l’eau jusque chez nous remplace de nombreux porteurs d’eau ? J’essaye de prendre un exemple facile à comprendre, parce que le logiciel intelligent sera de plus en plus difficile à déceler. Alors comment le taxer, sur quelle base ? Et de quel droit au final ? Et pourquoi ne pas taxer le citoyen qui utilise des machines alors? Pourquoi ne pas taxer ceux qui ont une machine à laver sous pretexte que cela retire du travail à des sociétés ou des travailleurs dont c’est le métier ? Et qui des éleveurs de pigeons voyageurs qui pourraient se plaindre de l’arrivée du téléphone et le taxer sur cette base ? Quid des tracteurs dans le milieu agricole ? Est-ce la faute à celui qui produit le tracteur, à celui qui utilise le tracteur, au consommateur qui ne veut pas payer le surcoût du travail manuel ?
C’est TOUTE notre vision du travail qu’il faut changer, le rendre optionnel. Le travail n’est ni un droit, ni un devoir… certes, c’est un moyen d’exister socialement — mais il existe d’autres formes de contribution (l’associatif par exemple). De toute façon, si on s’intéresse un tant soit peu à l’intelligence artificielle, on sait très bien que les machines vont remplacer l’homme dans tous les domaines, et même dans le contact “social” — c’est évident. C’est une question de coût ! Une assistance sociale, c’est le bon exemple — peut traiter combien de cas en une journée ? Peut-elle être suffisamment détachée, mais faire preuve quand même d’objectivité ? Évidemment, il manque la compassion (pour le moment, nous n’avons pas de piste à ce sujet- et aussi pourquoi plus de compassion pour ceux qui démontrent mieux leur malheur que pour ceux qui essaient de le cacher) et la compréhension d’un problème est encore difficile pour une machine… mais c’est un domaine qui évolue très vite. Les machines seront de biens meilleurs “techniciens” que nous, quasi infaillibles, corvéables à merci, rapides… des actes plus précis que les meilleurs chirurgiens, une mémoire et une compréhension de la mécanique du droit bien plus large qu’un avocat, et beaucoup moins partial qu’un juge… tous les métiers sont concernés, mais je ne vous demande pas de me croire. Remarquez simplement que le chômage ne fait qu’augmenter, que ce n’est pas seulement un levier utilisé par le patronat pour éviter les hausses de salaire, et que ce n’est pas seulement lié à la croissance économique… c’est dû principalement à l’optimisation du travail, à la robotisation, à l’automatisation des tâches, et déjà… à l’intelligence artificielle qui vient chapeauter l’ensemble.
Alors que faire ? Supprimer les machines, interdire l’IA… et pourquoi pas retourner aux champs et n’utiliser que la faux et le bœuf ? (ah non les vegans vont me tomber dessus). Ne serait-ce pas décapiter la poule aux œufs d’or ? Ne sommes-nous pas assis devant une merveilleuse opportunité de sortir l’humanité du labeur… dans son sens le plus vil, celui de devoir travailler pour survivre ? Simplement, parce que nous ne savons pas prendre la mesure des choses, comprendre la véritable cause des maux… sortir des logiciels des partis, de l’idéologie vieillissante, issue de la lutte des classes…
La robotique, l’intelligence artificielle, vont faire que TOUS les postes actuels seront accessibles aux machines et pour un coût dérisoire. Il faut redistribuer ces richesses bien évidemment car ce n’est pas l’apanage des industriels et des grandes compagnies. Pourquoi, au final, seuls les riches en profiteraient ?
Cela doit servir au monde. C’est pour cela que la meilleure approche (actuelle, elle n’est pas parfaite), c’est le revenu de base inconditionnel et pour tous. C’est un salaire que l’état verse à tous les citoyens, pauvre comme riche, d’un même montant, mais suffisant pour vivre. Pour cela, il faut un état fort, qui profite de l’intelligence artificielle et de la robotisation. Doit-il tirer ses profits par la taxation ? Cela ne me parait pas applicable. Faut-il nationaliser certains secteurs, les plus automatisables… la santé, le juridique, le bancaire, la télécommunication, la production industrielle, etc. Hum… ça fait penser un peu à la Russie Soviétique ça… c’est pas un modèle qui me plait, mais il faudrait toutefois poser le problème. Pourquoi tout devrait venir d’entreprises privées ? Surtout quand il n’y a plus d’emplois à la clé… Sans nationaliser, l’état pourrait devenir concurrent de ces entreprises, le forçant à innover d’avantage… rendant des comptes… il y a probablement plusieurs pare-feu à mettre en place pour éviter toutes les dérives que l’on connait, et le principe de Peter le premier dans l’administration ! Certains pensent qu’il est trop tard, que les états sur-endettés sont incapables de se réindustrialiser. Personnellement, je pense qu’un état qui reprend le contrôle de la création monétaire (avec la BCE et ces QE, on n’est pas loin de la planche à billets de toutes façons), il ne manque que de la volonté politique pour franchir le cap. Et une dose de protectionnisme dans le farwest qu’est devenu le monde où la guerre économique est devenue plus meurtrière que la guerre physique.
Bref, je voulais vous parler d’un changement de paradigme: le travail… pas pour gagner sa vie, mais peut-être un complément pour se faire plaisir… avec ou sans argent. Un état qui ne taxe plus, qui ne se finance pas par l’impôt, mais qui produit et qui redistribue les richesses à ces citoyens. Utopique ? Dystopique, quel est votre avis sur la question ? Si la France mettait les pieds dans le plat — pour de vrai, pas avec des propositions vidées de leur contenu que sont le RSA et autres mesures déguisées, qui en viennent à faire que même en travaillant au smic on e gagne rien de plus — alors, peut-être pourrait-elle redevenir dans le monde un phare, celui d’une voie alternative, à la base des prochaines glorieuses pour plusieurs décennies…
Taxer les robots… déjà, rien que le fait que Bill Gates lui même propose une telle solution devrait nous inviter à la prudence.
La taxation est un aveux d’impuissance, c’est comme si le peuple disait: “l’automatisation , la robotisation ce n’est pas pour nous, ça nous vole nos salaires, alors picorons ce que nous pouvons”. Alors qu’en réalité, le progrès technologique doit profiter à tous. C’est à chacun de s’en emparer, et ce n’est pas quelques miettes que nous récupèrerons au passage, mais bel et bien les prémisses de notre future émancipation sociale: non pas la libération par le travail (Arbeite Macht Frei), mais la libération du travailleur !
On va quand même pas taxer les brosse à dents électriques !
La taxation des robots est, je pense aussi, une solution de facilité. Et cette gamine ne devrait pas trop en être fière, même si on peut imaginer qu’au final elle ne fait que porter le message de quelqu’un d’autre qui voulait un peu de pub avec un buzz…
Mais je voulais revenir sur l’idée du changement de paradigme sur le travail. Je pense aussi qu’il est nécessaire, mais j’ai malheureusement une vue plutôt pessimiste sur sa faisabilité aujourd’hui.
La taxe et l’impôt sont des vestiges de la monarchie. L’idée de base était que quelqu’un (le roi) se trouvait responsable de la sécurité et de la défense d’un large territoire et que les habitants de ces terres devaient verser un impôt pour soutenir ce système.
Aujourd’hui le monarche est remplacé par le gouvernement, et il s’efforce de prendre de plus en plus de responsabilité pour le bon développement de sa société, tel que l’éducation, l’entretien des routes, et plein d’autres privilèges de nos sociétés développées. Mais le système reste foncièrement le même.
C’est dans son intérêt d’avoir une société florissante, puisqu’elle garanti d’une part que les impôts soient dûment payés, et d’autre part qu’elle survive. Car une société qui donne tout ce qu’elle possède pour payer des impôts finira par partir ou mourir, ce qui ne garanti plus les prochains impôts…
La première fois que j’ai entendu parlé d’une société où ses habitants pourraient y vivre en travaillant pour le plaisir et non pour leur survie, c’est grâce au projet Venus dont parlait Jacques Fresco, malheureusement aujourd’hui décédé. Il s’agissait d’une ville autosuffisante entièrement soutenu par le travail des robots. Entre autre chose, la construction et l’expansion de la ville étaient automatisées grâce à des imprimante 3D géante qui, simplement, imprimait de nouvelles maisons et des rues sur un schéma en spirale ou en cercles concentrique.
Et c’est un projet grandiose, et enchanteur, mais qui a lui même un coût faramineux.
La où je veux en venir c’est que je pense qu’il y extrêmement peu de chance qu’un état/gouvernement puisse un jour changer de paradigme sur le travail et la taxation parce qu’aucun d’entre eux ne possèderait une source de revenu alternative suffisante, outre l’impôt et la taxation, pour effectuer la transition nécessaire à ce changement.
Idéalement, il faudrait créer cette nouvelle société de toute pièce mais vient encore la question de son financement initial. Je pense qu’il s’agira ici d’un défi de taille puisqu’une telle société, si elle réussi le défi subvenir a ses besoins dans tous les domaines, et principalement ceux associés à sa survie, comme l’alimentation et la production de biens de confort pour ses habitants, et d’exister en autarcie, serait autant une utopie qu’une sérieuse menace à l’économie mondiale.
Un tel projet est voué à être la cible d’innombrables sabotage venant de ceux actuellement au pouvoir qui se satisfont de notre esclavagisme moderne. Et dans ce rôle, nos gouvernements monarches sont en tête de liste.
La société a vu des progrès faramineux au cours des deux derniers siècles. En suivant cette lancée, dès 1995 les scientifiques extrapolaient cette progression et annonçaient pour 2010 la distribution de masse de voitures volantes futuristes qui révolutionneraient les transports des citoyens. Eh bien, on attend toujours.… Et je suis convaincu qu’aujourd’hui le progrès est ralenti à l’extrême simplement parce que cela nuirait aux profits… Le changement de paradigme du travail, et globalement tout changement visant à faciliter la vie, tous tombent malheureusement aujourd’hui dans cette catégorie qui nuit aux profits de ceux qui en font.