Calico de Google: Un pas vers l’immortalité?

Google a fondé, en sep­tem­bre 2013, Cal­i­co (Cal­i­for­nia Life Com­pa­ny), une société de biotech­nolo­gies. Son le but est la lutte con­tre le vieil­lisse­ment et les mal­adies asso­ciées, ain­si que la recherche de l’immortalité.
La société est dirigée par Arthur Levin­son, biol­o­giste (siégeant aux con­seils d’ad­min­is­tra­tion d’Ap­ple et du lab­o­ra­toire phar­ma­ceu­tique Hoff­mann-La Roche et patron de l’entreprise de biotech­nolo­gies Genentech).

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Google est l’un des prin­ci­paux spon­sors du tran­shu­man­isme, (sou­tien financier des entre­pris­es por­tant sur les nan­otech­nolo­gies, biotech­nolo­gies, infor­ma­tique et sci­ences cog­ni­tives (NBIC)).
Google a engagé, en décem­bre 2012, Ray­mond Kurzweil, spé­cial­iste de l’in­tel­li­gence arti­fi­cielle, théoricien du tran­shu­man­isme et cofon­da­teur de la Sin­gu­lar­i­ty Uni­ver­si­ty (con­cept de sin­gu­lar­ité tech­nologique: accéléra­tion du pro­grès de façon expo­nen­tielle jusqu’à l’avène­ment d’une intel­li­gence arti­fi­cielle qui dépassera les capac­ités du cerveau humain — c’est un con­cept dans lequel je crois à l’heure actuelle).

Cal­i­co est une société de recherche et de développe­ment dont la mis­sion est d’ex­ploiter les tech­nolo­gies de pointe pour amélior­er la com­préhen­sion de la biolo­gie qui con­trôle la durée de vie. L’am­bi­tion est d’amélior­er la qual­ité et de pro­longer la durée de la vie humaine, notam­ment en par­venant à faire de son moteur de recherche la pre­mière et la plus per­for­mante des intel­li­gences artificielles.

Ils se sont asso­ciés en juil­let 2015 à Ances­tryD­NA, société spé­cial­isée dans la géné­tique pour enquêter sur l’hérédité humaine quant à sa durée de vie. Ances­tryD­NA a une énorme base de don­nées d’échan­til­lons car ils per­me­t­tent une analyse géné­tique pour con­naître son ascen­dance, son mélange eth­nique ou retrou­ver de la famille à par­tir d’un échan­til­lon de salive, pour seule­ment 99$.

Le Lab­o­ra­toire Jack­son (JAX), une insti­tu­tion de recherche bio­médi­cale à but non lucratif et Cal­i­co ont signé en avril 2016 un accord sur la recherche sur la géné­tique de la souris et l’é­tude du vieillissement.

Le futur­o­logue de Google, Ray Kurzweil, pro­pose de tuer l’Homme tel que nous le con­nais­sons pour créer un surhomme. Il a déclaré: “Dès les années 2030, nous allons, par hybri­da­tion de nos cerveaux avec des nano­composants élec­tron­iques, dis­pos­er d’un pou­voir démi­urgique.” — Ouaip… déna­tur­er l’homme… je sais que c’est en bonne voie, est-ce souhaitable ? Prob­a­ble­ment pas… enfin, je ne sais pas — c’est un très vaste débat.

De nom­breux autres sociétés et lab­o­ra­toires ont con­clu des accords de parte­nar­i­ats sur ces mêmes sujets.

Pour moi, ça n’est pas sat­is­faisant quand je vois des entre­pris­es qui devi­en­nent très grandes et qui con­tin­u­ent à ne faire qu’une seule chose. Idéale­ment, lorsqu’on com­mence à avoir plus d’employés et de ressources, on peut faire plus de choses, résoudre plus de prob­lèmes. On a tou­jours été dans ce genre de philoso­phie”, explique ain­si Lar­ry Page au Time, c’est le principe même du développe­ment de Google.

Si vous voulez par­ticiper au pro­jet, Google, enfin, Cal­i­co recrute des chercheurs, des experts robo­t­ique et infor­ma­tique ain­si que des techniciens.

L’im­mor­tal­ité et la sin­gu­lar­ité (moment où les pro­grès tech­nologiques accéléreront expo­nen­tielle­ment) sont devenus l’ob­ses­sion de nom­breux dirigeants.

Lar­ry Elli­son, le patron mul­ti­mil­liar­daire d’O­r­a­cle, a récem­ment lancé sa pro­pre fon­da­tion con­tre le vieillissement.

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Mais les sociétés pub­lient peu autour de leurs travaux, la plu­part des infor­ma­tions restent secrètes. Car qui pour­ra béné­fici­er de ces avancées? Tout le monde?

Pour Lau­rent Alexan­dre, chirurgien, diplômé de HEC, Sci­ence Po et l’ENA, si Google ou une autre entité deve­nait leader dans la lutte con­tre la mort, l’intelligence arti­fi­cielle, la robo­t­ique, la domo­tique et les voitures intel­li­gentes, il faudrait alors réfléchir à la déman­tel­er. En effet, elle deviendrait plus puis­sante que des États. C’est peut-être un con­cept qu’on peut trans­pos­er à toutes les indus­tries d’ailleurs. Même si je suis con­tre l’in­ter­ven­tion de l’é­tat dans de nom­breux domaines, il faut se rap­pel­er que tout ce qui peut nuire à la plu­part ne devrait pas être pro­tégé par la loi. Je pense à Mon­san­to et à un tas d’autres sociétés.

Selon Aubrey de Grey, un géron­to­logue et ancien infor­mati­cien dont le tra­vail porte sur la lutte con­tre le proces­sus du vieil­lisse­ment: “La pre­mière per­son­ne qui vivra jusqu’à 1 000 ans pour­rait déjà être née.” En 2009, il a créé la fon­da­tion SENS (Strate­gies for Engi­neered Neg­li­gi­ble Senes­cence), un organ­isme de recherch­es qui tente de remédi­er au vieil­lisse­ment et de pro­longer indéfin­i­ment la durée de vie de l’homme.  Peter Thiel, le co-fon­da­teur de Pay­Pal (avec Musk), y con­tribue à hau­teur de 600 000 dol­lars par an. Par­mi les axes de recherche, les thérapies régénéra­tives: pour lut­ter con­tre l’atrophie des tis­sus et des organes, la fon­da­tion investit dans les travaux sur la trans­plan­ta­tion d’organes cul­tivés in-vit­ro à par­tir de cel­lules souches.

«Je ne vois pas de lim­ite biologique absolue à l’âge humain», explique Craig Ven­ter, biol­o­giste faisant par­tie des pre­miers chercheurs à avoir séquencé le génome humain. Il a co-fondé en 2014, Human Longevi­ty Inc. Ils espèrent allonger l’e­spérance de vie de l’homme en com­bi­nant les avancées dans l’é­tude du génome et les cel­lules souches.

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Une autre ori­en­ta­tion est la mod­i­fi­ca­tion géné­tique, comme par exem­ple cette étude d’une équipe de sci­en­tifiques de l’Institut de biolo­gie cel­lu­laire de l’Université de Berne, en Suisse. Pub­liés dans la revue Cells, leurs travaux mon­trent qu’il est pos­si­ble de pro­longer la vie d’un être vivant en acti­vant un gène qui détru­it les cel­lules malades de l’organisme. Les biol­o­gistes ont aug­men­té de 50 à 60 % la durée de vie moyenne de mouch­es drosophiles.
Aux Etats-Unis, l’Université de Brown a per­mis d’aug­menter de 15 % la durée de vie moyenne de souris, en blo­quant un gène appelé Myc, égale­ment présent chez l’être humain, et sur­ex­primé chez les patients souf­frant de cer­tains cancers.

Avec une réplique numérique de la planète et de ses ressources intel­lectuelles, un inter­net disponible même dans les zones les plus reculées, la robo­t­ique et l’intérêt au vieil­lisse­ment, le pro­jet de Google ne serait-il pas de dématéri­alis­er l’être humain ?

Serge Gains­bourg:
“Les hommes ont créé Dieu, le con­traire reste à prouver”

Pour en savoir plus sur les dif­férents pro­jets vous avez ce dossier paru chez sci­ence et avenir.

En atten­dant, je vous con­seille ce doc­u­men­taire qui est passé sur Arte et disponible en VOD ou sur rutube pour les frondeurs.

Pour ma part, ma con­vic­tion est que nous allons de plus en plus appren­dre à repouss­er le vieil­lisse­ment, de plusieurs dizaines d’an­nées dans un pre­mier temps, puis bien plus. L’homme dépas­sant 1000 ans, ce n’est pas demain (ni dans 1000 ans jour pour jour d’ailleurs), mais cela me sem­ble être une con­séquence logique de ce que nous savons aujour­d’hui du vieil­lisse­ment. Nous con­nais­sons déjà pas mal de fac­teurs qui inter­vi­en­nent dans le vieil­lisse­ment: oxydation/Mitochondries/ATP, apoptose/P53, rac­cour­cisse­ment des télomères/Télomérase, etc.

Je crois que le vieil­lisse­ment est une con­séquence logique due à l’hérédité. J’ai pas mal étudié le sujet et tout porte à croire que nous avons accu­mulé depuis des mil­lions d’an­nées dans notre code géné­tique un tas de muta­tions “mortelles”, ou tout du moins délétères qui n’ont aucune con­séquence en terme de repro­duc­tion si elles ne “brident” pas notre capac­ité à nous repro­duire. De fait, il n’y a pas de sélec­tion naturelle qui entraine que les gens ayant une espérance de vie plus longue se repro­duisent d’a­van­tage. Le vieil­lisse­ment, c’est peut-être des mil­liers, voir des mil­lions de “codes” erronés accu­mulés dans notre ADN… et il va nous fal­loir les tra­quer un par un, les iden­ti­fi­er, puis les cor­riger (façon CRISPR peut-être). Tant que notre évo­lu­tion est basé sur notre repro­duc­tion, la nature n’a aucun intérêt à ce que nous soyons immor­tels… bien au con­traire ! Toute­fois, nous sommes arrivés à un tel mod­èle social, à un tel niveau de tech­nic­ité, que vivre 1000 ans pour­rait prof­iter à beau­coup pour exceller dans de nom­breux arts, chang­er notre façon de percevoir notre rela­tion à la Terre, notre posi­tion dans le monde, et peut-être acquérir une nou­velle forme de sagesse — pour le bien de l’hu­man­ité, mais aus­si de “toute la création”.

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