Un film à redécouvrir: Passé virtuel

Un film passé totale­ment inaperçu à l’époque où Matrix explo­sait le Box Office — certes, il n’est pas bour­ré d’ef­fets spé­ci­aux, ça “casse pas des briques” à tout va, mais pour­tant, le film est génial pour ceux qui aiment les mon­des virtuels et le jeu vidéo. Je préfère d’ailleurs son nom anglais ” The Thir­teenth Floor” qui représente plus le con­cept, amha.

Regardez cette bande annonce:

Le syn­op­sis est le suiv­ant : “Pas­sion­né de logi­ciels et des années trente, Han­non Fuller est par­venu à recréer l’époque qu’il affec­tionne, dans laque­lle il peut se pro­jeter. Au cours d’un de ses voy­ages virtuels, il fait une décou­verte aus­si fasci­nante qu’­ef­frayante, dont il cherche à faire part à son asso­cié, Dou­glas Hall. Mal­heureuse­ment, il est assas­s­iné avant d’avoir pu com­mu­ni­quer son secret. Pour l’in­specteur McBri­an, Dou­glas devient le sus­pect ide­al. Pour prou­ver son inno­cence, Dou­glas décide de trou­ver l’as­sas­sin de son ami dans son passé virtuel.”

Ceux qui con­nais­sent l’oeu­vre de Galouye auront recon­nu la prox­im­ité avec le livre “Sim­u­lacron 3′. 

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Ce qui m’a surtout intéressé, ce sont les ques­tions que soulèvent le film. Atten­tion, à par­tir d’i­ci, je risque de vous cass­er l’intrigue, alors regardez le avant car il vaut vrai­ment le coup et il peut vous trans­porter ! Je vais essay­er d’en dire le moins possible.

Dans le film, les per­son­nages d’un jeu vidéo sont pro­gram­més pour paraître “réels”: c’est à dire qu’ils ne savent pas qu’ils sont dans un jeu vidéo. Ils se croient vivants! Impossible ?

Des gens qui ne con­nais­sent rien à la tech­nolo­gie ont du mal à imag­in­er ce con­cept. Mais si vous lisez ce blog, ça va vous par­ler.  En pro­gram­ma­tion sys­tème, il est pos­si­ble d’in­ter­dire à un proces­sus d’ac­céder à l’ensem­ble de la mémoire. De même, il reçoit des “ordres” de la part du sys­tème d’ex­ploita­tion ou d’un util­isa­teur par exem­ple.  On peut imag­in­er créer un pro­gramme qui répond aux stim­uli extérieurs comme le ferait aujour­d’hui un robot. Mais ajou­tons lui aus­si une fonc­tion de ques­tion­nement interne: atten­tion, il ne pense pas par magie, non, le ques­tion­nement est un pro­gramme sous-jacent (appelons le “incon­scient”) auquel le pro­gramme n’a pas accès et il n’en reçoit que les ordres ou infos. Ce pro­gramme analyse en temps réel tous les stim­uli, fait des croise­ment avec les don­nées en mémoire, celle du pro­gramme mais aus­si toute sa banque mémoire per­son­nelle… et il tri­t­ure les infos à l’aide d’al­gos sim­ples — Bref, il passe son temps à tra­vailler sans but pré­cis. En fonc­tion de l’im­por­tance du résul­tat trou­vé (pondéré avec des coef­fi­cients de survie/plaisir/hasard/etc), il attribue une note sur 100. En fonc­tion de l’é­tat d’éveil du pro­gramme (selon s’il est occupé ou non), il peut accéder aux infos dont la note est supérieure à 80 par exem­ple. Et Hop, une idée vient de lui tra­vers­er l’esprit.…

Ce que j’es­saye d’ex­pli­quer en quelques lignes seule­ment, c’est que le “je pense donc je suis” est une illu­sion. Ce n’est pas suff­isant. C’est oubli­er que la majeure par­tie de notre cerveau fonc­tionne de façon incon­sciente et que le libre arbi­tre n’ex­iste peut-être pas — en dehors du peu de hasard qu’u­tilise prob­a­ble­ment notre esprit.

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Il y a quelques années, j’ai tra­vail­lé pour un lab­o­ra­toire qui voulait entraîn­er les robots de façon virtuelle avant de les con­stru­ire et d’u­tilis­er le savoir acquis dans le monde virtuel par la suite, dans le monde réel. Ce que j’ai appris à l’époque, c’est que le cerveau va recon­naître une image très rapi­de­ment jusqu’à ce qu’on l’in­cline trop forte­ment. Au-dessus d’un cer­tain angle, cela prend beau­coup plus de temps (à l’échelle de l’e­sprit). Ce qu’on peut en con­clure (mais cela reste à prou­ver), c’est que l’al­go­rithme util­isé n’est pas le même. Peut-être le cerveau a t‑il besoin d’ef­fectuer une rota­tion de l’im­age avant d’enchaîner les algo­rithmes de recon­nais­sance de forme.

Mais où est-ce que je veux en venir  ? Marcher, pren­dre un objet, lire un livre, … tout cela sem­ble aller de soi. Pour­tant, même avec un héritage géné­tique comme le notre, un enfant a besoin de beau­coup de temps pour acquérir ces fac­ultés. Vous con­nais­sez des gens tête en l’air, abrutis … vous ne vous êtes jamais demandé com­ment ces gens pou­vaient con­duire sans pro­duire un acci­dent à chaque coin de rue ? Moi, per­son­nelle­ment, cela me sur­pre­nait énor­mé­ment… jusqu’à ce que je com­prenne que nous dis­posons tous, plus ou moins, mais de façon très proche, d’un cerveau excep­tion­nel — un ordi­na­teur sur­puis­sant — mais que la plu­part des gens ne savent pas utilis­er. Quand on sait con­duire, on n’u­tilise presque plus notre con­science pour le faire — la “main a appris le geste” comme le dis­ent les ori­en­taux. S’il fal­lait penser à tout, notre pro­gramme “con­science” serait vite débor­dé.   L’in­con­scient est écrit en lan­gage machine… non mieux, le cerveau se câble au fur et à mesure… les réflex­es ne passent pas par la “con­science” — ça c’est du lan­gage inter­prété ! l’in­con­scient peut accéder à tous les cap­teurs du corps, à toute la mémoire du corps, et peut-être même (j’en suis cer­tain) à une forme de mémoire codée  géné­tique­ment… Mais pas le con­scient. Alors que je me pose une ques­tion et que des idées me vien­nent… est-ce le résul­tat de mon exer­ci­ce con­scient, ou bien suis-je sous l’in­flu­ence de ce “DEUS EX” qui vit en moi.

Aujour­d’hui, quand je touche un objet… c’est dur, c’est froid… est-ce que ce sont les cap­teurs de mon corps qui m’en­voient l’in­for­ma­tion, ou est-ce un pro­gramme en moi qui demande à la matrice si un objet est présent à telles coor­don­nées et qui ren­voient le résul­tat à ma petite conscience.…

C’est tout le sujet de ce film vous l’au­rez com­pris: les per­son­nages du jeu “pensent” être vivants, mais décou­vrent que des “entités” extérieures à leur monde vien­nent de temps en temps pren­dre corps dans leur réal­ité. Ils décou­vrent ain­si leur véri­ta­ble nature… Ce qui est fort, c’est quand les pro­gram­meurs de ce jeu décou­vrent que .… Ah pis non, je préfère que vous regardiez le film j’en ai déjà trop dit.

Un autre livre exploite aus­si cette direc­tion: une IA va naître de l’al­liance d’un pro­gramme incon­scient à un pro­gramme con­scient. Il s’ag­it de DEUS MACHINE de Pierre Ouel­lette. Très bon livre au passage.

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Bon, Matrix pose aus­si ce ques­tion­nement: sommes-nous dans une réal­ité virtuelle ? Mais la ques­tion la plus gênante est “Sommes nous vivants” ? Penser que nous sommes au fond d’une cuve cryo entrain de rêver le monde façon Cthul­hu est dif­férent de se deman­der si nous nous exis­tons réelle­ment à la source. La seule chose dont nous pou­vons être cer­tain, c’est de l’ex­is­tence de cette chose fan­tas­tique nous con­tenant, ain­si que tout l’u­nivers physique… Est-ce qu’on peut l’ap­pel­er Dieu ? Est-il con­scient ou est-ce lui aus­si une sim­ple machine ? Bonne réflex­ion les amis.

2 commentaires sur “Un film à redécouvrir: Passé virtuel

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  1. Finalle­ment, seri­ons-nous réelle­ment autre chose que des impul­sions élec­triques et chim­iques, fer­me­ment embal­lées dans un sac de chair et d’os…?

    M’est avis que je ne vais pas tarder à décou­vrir ce film mécon­nu, en plus des réflex­ions per­ti­nentes présen­tées dans le texte 😉

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